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Une poussée vers l’ouest – Mathias ZWICK – Photos
mardi 19 mars - samedi 30 mars
de 12h à 18h
(fermée les dimanches)
« Le vacarme est assourdissant. Sur le trottoir, toutes les têtes se retournent. A une vitesse infernale, une horde sauvage de 30 skateurs dévale les routes vertigineuses de la ville. T-shirts de marques américaines et skateboards représentant des têtes de mort, nous ne sommes pas en Californie, mais bien à Téhéran, en Iran »
En 2015, notamment en raison des accords sur le nucléaire, l’Iran faisait son grand retour sur la scène internationale.
Mais certains jeunes iraniens avaient déjà adopté depuis longtemps un style de vie occidental et underground.
En septembre et octobre de cette année, je me suis rendu là-bas afin de rencontrer les adeptes du skate de la République Islamique. Étant moi-même skateur, j’ai pu les suivre dans 8 villes en immersion totale dans leur quotidien.
Agés de 15 à 25 ans, et pour la plupart étudiants vivant chez leurs parents, ils étaient près de 2000 dans tout le pays. Mais avec les difficultés d’importation de produits venant des Etats-Unis et l’inflation qui touche l’Iran, le skate n’est pas accessible à tous. « C’est une activité coûteuse ici.
Pour l’instant, c’est un sport réservé aux classes moyennes et supérieures », précisait Alireza, propriétaire du premier skate-shop du pays. Alors que la capitale construisait des skate-parks, d’autres municipalités étaient encore réticentes en raison de l’origine occidentale du skateboard. Pourtant, le skate est de plus en plus populaire en Iran. C’est même l’un des rares sports où la mixité existe. Casquette à l’envers vissée sur la tête, laissant à peine entrevoir le voile obligatoire, les filles s’entrainaient aux côtés des garçons.
Adeptes des cultures occidentales, ces jeunes désiraient voir leur pays entrer en réconciliation avec le monde. Zigzaguant entre vieilles voitures françaises et Paykan de l’époque du Shah, la route leur appartenait. Nous emmenant bien loin de l’Iran des mollahs et des Tchadors, les skateurs continuaient de pousser vers l’Ouest.